Les Arcanes d'Ivar

I

La mer battait son plein, le vent fort avait déjà arraché la voilure arrière du Justania, fer de lance de la marine militaire Varlienne. L’orage était fort. Le capitaine Vejnyt, autrefois commandant de la flotte militaire du royaume de Varlas, craignait pour son équipage, et surtout pour la réussite de sa mission. Il serra un peu plus le grimoire contre se poitrine et pria les Dieux afin qu’ils lui viennent en aide. Le mât principal grinçait et craquait mais il semblait tenir bon. Un éclair fendit le ciel, éclairant la mer d’une brève clarté. Tels des dents de scie, des récifs se profilaient non loin d’eux. Le capitaine eut un mouvement de recul, et cria à ses hommes de mettre la barre à tribord afin de les éviter. Le navire commença à dévier, afin de ne pas s’écraser contre ces récifs. Cependant, la manœuvre fut vaine, la coque du navire explosa sous l’impact, permettant à l’eau de s’engouffrer rapidement. Vejnyt perdit l’équilibre et sa tête heurta violemment le pont du bateau. Il perdit connaissance et sombra dans les ténèbres.

La lumière du soleil chauffait doucement son visage. Il ouvrit les yeux difficilement, et entreprit de regarder autour de lui. Il était allongé sur une plage de sable, et des arbres foisonnaient non loin de lui. Des débris de son navire étaient éparpillés aux alentours. Des barils d’eau douce étaient échoués non loin. Il se releva péniblement et soudain se souvint. L’orage. Les récifs. Le choc. Le grimoire. Où était ce grimoire ? Il ne pouvait pas le perdre, surtout pas ! Il couru sur la plage à la recherche du fameux livre, sans succès. Il s’effondra, le livre était à jamais perdu dans les profondeurs de l’océan … Cependant, même s’il n’avait plus le grimoire, eux non plus ne l’avaient pas en leur possession. Il n’avait pas totalement failli ...

II

Il avait perdu toute trace du navire, l’orage qu’il avait invoqué les avaient sûrement ralentis, mais pas assez. Après tout le Justania était réputé pour sa vitesse, ce qui avait sans aucun doute poussé Vejnyt à voler le navire. La silhouette sombre s’abritait du soleil sous le parapet de la cabine du capitaine. Il ne supportait que très peu la lumière. Le jour venait de se lever, et au loin un amas de débris attira son regard. Il sortit de sa grande poche une longue vue et entreprit d’examiner l’horizon. Des tonneaux flottaient et des débris de coque, de voilures et de cordage étaient entremêlés dans les récifs. “Est-il possible que ...?” se demanda la silhouette. D’une voix rauque il ordonna à ses hommes de virer de bord et de s’approcher des récifs afin d’examiner les débris. Une fois à proximité, il n’eut aucune hésitation. “Le Justania …” soufflat t-il. Ainsi le fier navire amiral de la flotte Varienne avait coulé. Nul doute que le roi ne lui accorderait aucune excuse pour avoir perdu le navire, cependant il avait d’autres préoccupation. Il lui fallait à tout prix le grimoire, le Scripta Mortis.